samedi 20 septembre 2008
Mon savon bio
C’est le début de l’automne. Je fuis Paris, ses Velibs, ses citoyens qui parlent tout seuls dans la rue. Je suis dans une villa idyllique en bord de mer à Hammamet. C’est l’heure de la sieste. Ou d’un thé à la menthe. Avec ou sans pignon? Le soleil nous caresse. À quoi allons nous jouer ? Emmanuelle ma douce hôte revient d’une balade dans son jardin. Par là-bas, là où il y a la mare à grenouilles qui chantent des opérettes à la tombée de la nuit… à quelques pas de la monumentale sculpture
« Calder ».
Elle cache quelque chose dans ses mains et jette soudainement sa découverte sur les marches qui mènent au bord de mer.
Un échandon passe… Alors que j’étais en pleine conversation avec le petit chat égyptien qui est venu squatter les lieux, (le vilain, il ne voulait pas m’expliquer de qui il tenait ses grandes oreilles, papa matou ou maman féline) je me demande que peuvent bien être ces petites coques bien étranges. « Ici, jadis les femmes faisaient leurs lessives avec ça. J’en ai trouvé plein par là-bas, on essaye ?» Nous allons à la recherche de la merveilleuse gouvernante tunisienne pour qu’elle nous éclaircisse sur le mode d’utilisation de ces petites choses. Manque de chance, elle est partie en ville faire des courses.
« Il me semble qu’il faut les casser et les mettre dans une petite pochette en
coton ». Emmanuelle s’en va d’un pas léger chercher des bouts de tissu. Je la regarde, j’aime ses belles jambes dorées. Allia sa fille revient avec des bobines de fils, tandis que Victor, le petit dernier rapporte un gros marteau.
Je couds une petite pochette, la remplis de coques, et nous voilà Emmanuelle et moi, bras dessus bras dessous, le regard moqueur mais complice, nous dirigeant vers la machine à laver.
Mêmes battements de cœur que lorsque l’on prépare un gâteau au chocolat pour la première fois de sa vie. La pâte a-t elle la bonne consistance ? Le four est-il assez chaud ? Là la question est, « ça va marcher ou pas » ?
Au moment où nous retirons le linge terminé, notre gouvernante sourit et murmure
« avez-vous dénoyauté vos coques ? Que trois noix pour tant de linge, ça va pas
ça ». Non, en effet, notre petit jeu n’a pas marché.
Après quelques recherches, nous apprenons que ces petites coques de noix lavantes doivent être séchées et dénoyautées. Leur forte concentration en saponine en fait une lessive de qualité radicalement écologique préservant les couleurs sans agression pour les fibres et les peaux sensibles. La saporine est biodégradable et ne pollue pas l’eau. Ces coques proviennent en général d’Inde, de l’arbre de Sapindus Mukorossi. On dit qu’elles sont efficaces de 30 à 90 degrés. Réutilisables jusqu'à 3 fois. 1 kg pour une année pour 4 personnes… en utilisant 4 à 8 coques par machines.
Alors, une fois rentrée à Paris, je suis allée dans une boutique Bio, la plus proche de chez moi, La vie Claire pour ne pas la citer, et j’ai trouvé un paquet de 1kg que je me suis empressée de tester.
La notice dit : Les noix sont déjà présentées coupées en deux, car on leur a enlevé le noyau. Placer 4 à 6 de ces demi-noix dans le petit sac en coton fourni, et mettez-le dans votre lave-linge. Si l’eau est dure, utilisez 10 moitiés de noix. Elles peuvent être utilisées deux fois à 40° et une fois au-delà de 60° (plus la température est élevée plus la saponine se libère). Si vous désirez parfumer votre linge, déposez au préalable sur le petit sac en coton quelques gouttes d’huile essentielle de votre choix. Dans le cas d’un linge très sale ou pour le blanc, utilisez en complément du percarbonate de sodium (sel détachant non toxique).
J’ai donc déposé quelques gouttes d’huile essentielle de thym et mis en marche la machine. Adepte du soupline, j’étais sceptique car je ne supporte pas le linge rêche. Et là, oh surprise, une fois séché le linge était doux. Ça n’a pas enlevé la grosse tache d’huile de massage qui s’est installée hier soir sur mon drap, mais pour le reste, je suis sous le charme.
Maintenant, près de 11 euros pour 1kg me semble fort cher. Car j’imagine qu’en Inde cela doit coûter mille fois moins.