dimanche 10 avril 2011

D'une folle poésie




Henry Darger (1892-1973) au Laforet Museum, Tokyo

DARGER, une œuvre graphique unique et originale, proche de l'art brut ou outsider Art.

Dans les temps précédents la mort de son père, vers 1900, ce dernier était trop faible pour s'occuper de son fils qui est pris en charge par l'établissement catholique qu'il fréquentait alors. Le comportement de Darger perturbe ses camarades qui ne tardent pas à le traiter de fou. Il parle seul, de manière irrépressible et inopinée. Il est probablement affecté par le syndrome Gilles de la Tourette. C'est lors d'une de ces fugues, en 1908, qu'il est témoin d'une puissante tornade qui ravage alors l'Illinois. Ce cataclysme laisse des traces prégnantes dans l’imaginaire de Darger comme en témoigne le motif récurrent de la tempête à l’intérieur de ses tableaux.

À 16 ans, lors de sa troisième tentative d'évasion, il parvient à regagner Chicago. Il y trouve l'aide et le réconfort de sa marraine. Elle lui trouve un emploi de portier dans un hôpital catholique où il travaillera jusqu'à sa retraite, en 1963. Il commence alors à régler sa vie selon un emploi du temps immuable. Catholique dévot, il assiste à la messe jusqu'à cinq fois par jour. Il collectionne pour les amasser des détritus de toutes sortes (jouets, figurines religieuses, images de saints, chaussures, pelotes de ficelles, magazines et bandes-dessinées). Il consignait quotidiennement, dans un journal, l'état de l'atmosphère et les erreurs commises par les météorologues dans leurs prévisions. Cette vie de réclusion et de solitude est à peine infléchie par la seule amitié qu'on lui ait jamais connue et qui le lie à William Scholder. Tout deux s'investissent dans des œuvres de charité dédiées aux enfants abandonnés ou maltraités. Scholder décède en 1959.


De 1930 à 1973, Darger occupe la même chambre à Chicago. C'est là qu'il se consacre secrètement à l'écriture et à la peinture. Personne ne sait combien de temps lui ont demandé la composition de son œuvre. Outre les royaumes de l'irréel, il a rédigé son autobiographie (L'Histoire de ma vie, 5084 pages). Ce n’est qu’après sa mort que l’œuvre à laquelle il avait travaillé toute sa vie fut découverte. En 1973, Nathan et le Kiyoko Lerner, les propriétaires de l’appartement loué par Darger, mettent au jour les réalisations de l’artiste. Lerner est un photographe accompli et reconnu, ayant notamment travaillé pour le New York Times. Il perçoit immédiatement l'intérêt du travail de son locataire et se charge de créer une fondation destinée à mettre ce fonds en valeur. Il aidera beaucoup à la réalisation du documentaire de Jessica Yu sur la vie et l'œuvre de Darger.

Aujourd'hui, Le Laforet Museum de Tokyo lui consacre une exposition.

Jusqu'au 15 mai 2011